LE DHOW à RABAT, UNE GRANDE AVENTURE HUMAINE
Le projet du « DHOW » a démarré à l’initiative de Yves MACE, insatiable entrepreneur visionnaire, qui avait réalisé un parcours très brillant dans l’immobilier en France. Il désirait investir une partie de ses gains pour réaliser un projet atypique avec l’un de ses frères, Gilles, baroudeur dans l’âme, qui avait passé sa vie d’adulte à sillonner la planète dans des endroits ensoleillés, sans se préoccuper plus que ça des lendemains.
L’histoire a commencé un soir d’aout 2007 sur un catamaran en contemplant les étoiles dans la baie de Cancun au Mexique. Après avoir imaginé des projets les plus fous les uns que les autres comme un ballon dirigeable (Zeppelin) pour faire admirer les merveilleux paysages de la Riviera Maya aux amateurs de sensations fortes, ou un ballon captif capable d’élever les touristes à 150 mètres au-dessus du site maya de « Chichen Itza », nous avons eu une nouvelle idée folle de faire construire un bateau en bois en reprenant le concept du « Captain Hook », très apprécié par les touristes à Cancun.
Un ami qui avait fait un séjour à Dubaï nous a parlé de ses fameux boutres construits tout en bois exotiques appelés les « DHOW ». Yves est parti avec cet ami, et sur place, ils ont pu découvrir ces bateaux magnifiques qui continuaient à desservir les petits et moyens ports du golfe Persique en denrées de tout genre. Des anciens Dhow avaient été transformés en restaurant à la déco un peu kitch, et proposaient des promenades avec dîner dans la fameuse « Creek de Dubaï ».
De retour en France, Yves est tombé par hasard sur un reportage de l’émission « THALASSA » qui racontait l’histoire de la construction traditionnelle des bateaux en bois en Inde, les fameux « DHOW ».
Un ami en vacances en Inde s’est rendu, à la demande de Yves, à l’endroit où avait eu lieu le reportage et lui a confirmé que le chantier était bien en activité. Ils sont retournés ensemble le mois suivant pour rencontrer les propriétaires du chantier. A peine 2 mois plus tard, Yves repartait en Inde pour signer, sur 3 feuilles de papier, le contrat pour la construction d’un boutre en bois tropical d’une longueur de 44 mètres, avec comme seules indications les mesures du bateau, le type de bois, un vague croquis fait à la main et les conditions financières.



Pour la petite histoire, on s’est aperçu lors des études réalisées ultérieurement pour le transport du bateau que celui-ci mesurait en fait 47 mètres.
Le chantier implanté sur une petite île d’environ 4 hectares, située à l’embouchure du fleuve Chaliyar, face à la ville de Beypore dans le sud du Kerala n’est pas connecté au réseau électrique local et n’a donc pas de machine. L’ensemble des travaux de charpenterie marine sont réalisés à la force des bras et l’intelligence de l’homme en s’aidant de tire-fort et de palans pour acheminer et positionner les grosses pièces de bois, qui pour certaines peuvent peser plus de 300 kilos. L’éclairage du chantier est assuré par de petits groupes électrogènes qui servent également à alimenter les perceuses et autres petits outillages manuels.
Géolocalisation shipyard à https://maps.app.goo.gl/6yHpaYPKinFJL5Lq6
L’idée initiale de réaliser un projet à Cancun avec un dirigeable ou un ballon captif avait bien évoluée, et nous étions à ce moment de l’aventure partis sur le concept d’un bateau/restaurant amarré dans la « Creek de Dubaï », destiné à faire des sorties au coucher du soleil et des balades au large.
Ce n’est que quelques mois après avoir lancé la construction du bateau, avec de nouvelles idées de destination comme la Côte d’Azur avec ses nombreux évènements internationaux, les grandes villes portuaires d’Espagne et aussi Lisbonne au Portugal, que Nabil un ami de Casablanca, nous a fait découvrir la ville de Rabat et ses quais récemment rénovés au pied de la Kasbah des Oudayas.
Ce projet royal ambitieux, destiné à redonner à ce site historique toute sa splendeur d’antan pour en faire un haut lieu touristique de la ville de Rabat, était sous la responsabilité de l’agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg et prévoyait, entre autres, des anneaux pour amarrer de grandes embarcations.
Nous avons donc rencontré, M. Fath EL MEJJATTI, directeur de la marina de Rabat/Salé, que nous remercions au passage pour avoir toujours cru à notre projet, malgré certaines inquiétudes au sein de l’agence. Suite à la réunion, nous avons décidé d’un commun accord de répondre à l’appel d’offre de l’agence pour choisir Rabat comme destination finale de notre projet.
Nous avons estimé à ce moment du projet, que le site du Bouregreg n’offrait pas d’intérêt particulier aux balades au fil de l’eau, avec en aval l’océan et sa forte houle, et en amont un pont bien trop bas pour notre embarcation. Cette sage décision, de ne pas installer les moteurs et les équipements de navigation initialement prévus, malgré une première réflexion de Yves restée dans nos mémoires, qui comparait le Dhow sans moteur à un taureau auquel ou aurait coupé ses « attributs », nous a fait économiser un « gros billet » et pas mal de soucis d’entretien et de personnel qui auraient été nécessaires pour la navigation et la maintenance des équipements.
La mise à l’eau du bateau en avril 2011, après deux ans et demi de travaux retardés par la mousson, a été réalisée sans engins, uniquement à la force et à l’ingéniosité des hommes sous le commandement de Mr. Abdurahiman, spécialiste hors pair de la mise à l’eau des Dhow.
C’est millimètre par millimètre, au bout de 10 jours de labeur intense, en utilisant une technique ingénieuse avec deux tourniquets en bois, plantés profondément dans le sable et actionnés à la seule force de l’homme que le bateau parvenait à toucher l’eau et à flotter. Après avoir constaté sa bonne flottabilité et l’absence de fuites, le Dhow a été remorqué 200 km plus au sud jusqu’au port de Cochin. Au large, l’attendait le « BELUGA SHANGAI », un cargo de 170 mètres de long en provenance de Chine et qui se dirigeait vers l’Europe, pour hisser notre embarcation sur son pont à l’aide de ses deux énormes grues d’une capacité de levage chacune de 700 tonnes, destination le Maroc en empruntant le canal de Suez.


Nous avions au préalable missionné un agent maritime de Casablanca pour prendre en charge les formalités portuaires et douanières avant l’arrivée prévue fin mai au port de Casa. L’agent maritime avait établi une liste de documents nécessaires pour effectuer les différentes démarches administratives et manifestait son inquiétude de ne pas recevoir les informations de l’armateur, malgré ses nombreuses relances.
C’est en consultant un site de « tracking » des cargos sur internet, une semaine avant l’arrivée prévue, que nous avons eu la surprise de constater que le « BELUGA SHANGAI » se dirigeait sur Gibraltar et qu’il était programmé pour remonter ensuite l’Atlantique et la mer du Nord jusqu’au port de Hambourg en Allemagne.
Après des échanges tendus avec l’armateur, qui avait sciemment vendu et encaissé au prix fort un aller simple Cochin/Casablanca en sachant que le bateau serait livré à Gibraltar, nous nous sommes trouvés dans l’obligation de contacter rapidement un agent maritime à Gibraltar pour reprendre en main les démarches depuis le début. Deux jours avant le jour J, un coup de fil de l’armateur nous informait que, pour de soi-disant problèmes d’ordre techniques au niveau du port de Gibraltar, le cargo ne pouvait pas y faire escale et qu’il existait la probabilité de débarquer le Dhow à Algesiras.
Nous avons appris bien plus tard, que la compagnie de transport avait des « ardoises » chez les Anglais et qu’il risquait de se faire saisir le cargo et le Dhow par la même occasion, s’il accostait à Gibraltar.
Nous avons aussitôt demandé à l’agent maritime de Gibraltar de contracter un agent à Algésiras pour se charger des procédures douanières, réceptionner le Dhow et organiser le rapatriement à Rabat. C’est très tôt le lendemain matin que nous avons pris la route direction Tanger Med pour attraper le premier ferry, en prenant juste quelques affaires de rechange, pensant que nous serions de retour 2 ou 3 jours plus tard.
Cela a certainement été l’un des épisodes les plus intense du projet, avec des moments de stress absolu, à devoir batailler avec les intervenants de tous bords à Algesiras, Gibraltar et à divers endroits du globe comme l’armateur en Floride, le transporteur en Allemagne et l’assureur à Chypre. Nous étions en contact permanent avec Yves, qui, depuis Paris, faisait son possible pour nous encourager dans cette galère et nous transférait des fonds pour régler les nombreux frais imprévus à payer comptant, afin de faire avancer les démarches et rapatrier notre embarcation au plus vite vers sa destination finale.
L’opération de remorquage, finalement programmée le matin du 10ème jour, avec le seul remorqueur disponible venu spécialement de Ceuta, a été retardée pour des problèmes de dernières minutes. C’est après deux heures de négociations irréelles, pour faire modifier une donnée erronée sur un document douanier qui bloquait le système, que le document d’exportation autorisant la sortie du port nous a été remis.
De retour sur le quai, nous avons enfin donné l’ordre du départ. C’est à ce moment-là, alors que les deux bateaux étaient à peine à un mètre du quai, que nous avons reçu un appel téléphonique de l’assureur à Chypre, qui, affolé, nous annonçait qu’il fallait impérativement suspendre l’opération car il manquait un « foutu » papier, qui rendait caduque l’assurance du remorquage déjà réglée par Yves.




Eh bien, trop tard, c’en était trop pour le coup, et c’est dépités que nous avons laissé partir les deux embarcations sans assurance à l’aventure, conscients et/ou inconscients du risque que l’on prenait, en croisant les doigts pour que tout se passe bien durant la traversée.
Nous avons sauté dans le premier ferry et avons même eu le plaisir, teinté d’angoisse, d’apercevoir durant la traversée au loin, en plein milieu du détroit, le convoi qui faisaient route vers le Maroc.
Le lendemain, en début d’après-midi, à notre grand soulagement, nous avons vu depuis le point de vue de la Kasbah des Oudayas les deux embarcations pointer à l’horizon. Le matin même, nous avions contacté le capitaine d’un petit remorqueur à Safi, pour faire la manœuvre d’entrée dans le chenal, car celui de Ceuta avait un tirant d’eau trop important pour s’y aventurer.
Le remorqueur en provenance de Safi a eu plusieurs heures de retard, et il a fallu négocier fermement avec le commandant du remorqueur espagnol pour le dissuader de larguer le Dhow en pleine mer, comme il nous en menaçait. C’est finalement, à 01h00 du matin, après un échange de « bout » entre les deux remorqueurs au large de Rabat, que le Dhow a fait son entrée dans le chenal du Bouregreg, dans le sillage du petit remorqueur, et c’est éclairé par les lumières de la fête foraine, restée allumée pour la circonstance, que nous avons pu, après un premier essai maladroitement manqué, amarrer le Dhow aux quais des Oudayas.
Avec toutes les épreuves que l’on avait déjà traversées depuis le lancement du projet, et après ces dernières semaines remplies de rebondissements inimaginables et de situations extrêmes, nous avons vécu cette arrivée chaotique comme une délivrance, et avons fêté cet événement comme il se doit en faisant sauter les bouchons de champagne avec les quelques amis venus partager ce moment fort de l’aventure.
L’arrivée de cette grosse « barcasse » tout en bois en a surpris plus d’un à Rabat, et nous avons pu entendre toutes sortes d’histoires délirantes sur les raisons de sa présence et sur ses mystérieux propriétaires soi-disant proches du palais. Nous avons même, quelques jours après l’arrivée, fait la une du journal télévisé de 20h00 sur la chaine nationale 2M, qui s’est déplacé spécialement pour faire un reportage sur l’événement et nous interviewer.
Passé l’euphorie de la fête, et finalement apaisés après avoir vécu toutes ces émotions fortes, nous sommes rapidement revenus sur terre pour prendre conscience qu’une nouvelle page de l’aventure s’ouvrait et que le plus dur restait à venir.
Yves avait acquis, avant notre arrivée, un Riad en ruine dans la médina de Rabat et avait rapidement contracté une équipe sur place avec un contremaitre pour réaliser les travaux de rénovations. Le projet était d’en faire une maison d’hôtes pour recevoir des clients, et en même temps l’utiliser comme « base vie » pour nous loger et recevoir les amis et autres intervenants de passage.
La supervision de ce projet dès notre arrivée au Maroc en septembre 2010 nous a permis de rencontrer des architectes et de côtoyer divers corps de métier de la construction. Ces contacts ont été bien utiles pour commencer les travaux d’aménagement du Dhow une fois celui-ci amarré au quai du Bouregreg.
Un ami, architecte à Paris, faisait les plans « Autocad » en suivant les idées qu’on lui apporté au gré de nos réflexions et nos « illuminations ». Nous avons démarré les travaux d’aménagements du Dhow avec un projet pas vraiment défini, mais nous étions tellement euphoriques et confiants sur nos capacités et notre créativité que la question ne se posait pas et que nous étions convaincus que nous allions en faire une merveille.
Nous avions imaginé le restaurant dans un style palais berbère, le lounge avec ses salons marocains et le club dans une ambiance « Shahrazade, mille et une nuits ». Pour la cuisine, on tournait autour de l’idée de la plancha et on agençait les salles en conséquence. On n’arrêtait pas de réfléchir sur le concept et tous les jours on trouvait des idées « brillantes » pour ajouter à notre projet tel ou tel détail qui serait juste magnifique. On avançait la fleur au fusil avec la certitude de créer un nouveau concept qui allait révolutionner Rabat. On était « perchés », comme dirait l’autre.
Une rencontre « hasardeuse » un soir de novembre 2011, allait être un des tournant de l’aventure et nous faire revenir sur terre. La sœur d’un ami que l’on hébergeait au Riad devait passer à Rabat un soir en voiture avec un certain Philippe, qui était entre autre propriétaire d’un bateau en bois et marin dans l’âme.
C’est sur le parking en face du bateau que nous les avons rencontrés, mais comme il était tard et que l’on n’y voyait rien, nous n’avons pas pu, comme prévu, leur faire découvrir notre bateau et nous avons fait connaissance dans un restaurant. La rencontre a été très amicale et nous avons ressenti un très bon feeling avec Philippe, qui nous a invité à venir découvrir la ville d’Essaouira, où il vivait, pour la fête de l’Aïd qui avait lieu trois semaines plus tard.
Nous avons passé quatre jours dans sa maison et fait la connaissance de Sabine, sa femme, et leurs deux jeunes garçons. Cette splendide demeure d’architecte dessinée et construite suivant leurs plans et sous leur supervision, avait notamment une piscine intérieure chauffée sous une verrière ronde juste magnifique, à l’extérieur une autre piscine à débordement, et en bas du terrain, un étang. Ils l’avaient bâtie avec gout dans un esprit vintage en employant des matériaux anciens chinés et restaurés dans leur atelier.
Nous avons beaucoup échangé durant cet agréable séjour dans leur maison chaleureuse. Nous avons raconté notre histoire, notre projet, et nos ambitions, et ils nous ont écoutés avec bienveillance. Le dernier soir, sans que l’on s’y attende vraiment, tellement on était bien et en phase avec eux, ils ont commencé à sortir des livres de bateau, ils nous ont expliqué comment était fait un bateau, et nous ont fait voir des évidences sur ce que l’on peut ou ne peut pas faire. Ils nous ont dit très simplement et très clairement ce qu’ils pensaient de notre projet, résumé par cette phrase qui m’a marquée « Vous avez un super jouet entre les mains, mais vous faites n’importe quoi ».
Le choc a été violent. On était abasourdis par leur discours empreint de réalisme, mais comme c’était dit avec la manière, en employant des arguments plein de bon sens, on a dû être obligé d’admettre qu’ils disaient vrai et qu’ils nous tendaient une perche pour nous sauver du naufrage.









Cela restera un des moments forts de l’aventure, car c’était vraiment dur à « ingurgiter ». Nous étions venus avec des certitudes, et tout à coup, le monde s’écroulait autour de nous. Notre ego a pris un gros coup sur la tête, et cela a été une très grande leçon d’humilité. Nous sommes sortis sonnés de chez eux, et le retour à Rabat a été interminable.
Yves venait en général tous les mois pour faire le point sur le projet, et une semaine plus tard, nous sommes allés le chercher à l’aéroport de Rabat en présence de Sabine, qui s’était déplacée pour l’occasion. On a vaguement présenté Sabine à l’aéroport, sans trop de détails, et on sentait Yves songeur dans la voiture essayant de comprendre ce que cette charmante jeune femme pouvait bien faire là. Ce n’est qu’une fois installés à table, dans l’un des meilleurs restaurant de la capitale, que nous avons expliqué à Yves qui était Sabine, et elle lui a expliqué le reste.
Il a très vite analysé la situation et a compris que cela impliquait de prendre rapidement des décisions importantes. Sabine nous a clairement expliqué qu’avec Philippe, ils trouvaient notre projet génial et en parfaite adéquation avec leur passion commune pour la mer et les vieux bateaux en bois. Ils proposaient leurs services pour nous accompagner dans l’aventure, et si on était d’accord, elle s’engageait dès son retour à Essaouira, à travailler avec Philippe pour nous présenter, dans un délai très court, leur vision du projet avec des plans, des croquis et une estimation des coûts.
Les décisions ont vite fait place à la désillusion, et une fois la « pilule » passée, après avoir dû expliquer aux travailleurs incrédules pourquoi on allait démonter ce que l’on avait mis six mois à construire, on est reparti toutes voiles dehors.
Cette prise de conscience collective et les décisions qui ont été prises par la suite pour effectuer un virage à 180°, malgré le coup économique que cela représentait, ont sans aucun doute permis de sauver le projet et de nous remettre en selle, en fixant un nouveau cap avec cette fois une vision claire du chemin à parcourir et des objectifs précis.
Le chantier a alors pris une autre dimension. Philippe a ramené ses menuisiers ultra-performants, et nous avons complété l’équipe avec des travailleurs déjà présents sur le chantier. Il a également fallu faire comprendre à certains qu’ils n’avaient plus de légitimité à continuer, et cela a provoqué quelques rancœurs et incompréhensions. Le rythme de travail était soutenu, et la bonne entente entre Philippe et Gilles s’est senti assez rapidement. Ils ont formé un duo incroyable à la tête du chantier, avec une complicité de tous les instants, combinant l’envie de Philippe de transformer le Dhow en un décor de rêve et celle de Gilles d’apporter toute la partie technique et de maitriser les dépenses.
Le projet était dans ces grandes lignes, défini au moment de commencer les travaux début janvier 2012, mais il a fallu prendre des décisions au jour le jour sur les innombrables détails et les problèmes rencontrés en chemin. La date d’ouverture a été fixé quatre mois à l’avance pour des questions d’organisation, de recrutement du personnel et de préparation à tous les niveaux. Nous sommes parvenus in extrémis en mettant les bouchées doubles, à tenir les délais.
Après un an et quatre mois de travail pour transformer la « coquille vide » en un restaurant/lounge/club, avec une série de rebondissements incroyables et des émotions de tous les instants, jusqu’à la dernière minute où la licence d’alcool a été signée et nous a été remise quatre heures avant l’ouverture au public, nous avons fêté dans l’allégresse et malgré une tempête, réelle cette fois ci, l’inauguration du Dhow le 18 octobre 2012.
La phase de démarrage de l’exploitation, avec différentes ambiances entre le restaurant, le lounge et le club, le recrutement du personnel, la sélection des fournisseurs, l’organisation générale, la mise en place des procédures et tout ce qui est nécessaire pour mettre en route un établissement de ce type, nous a fait vivre d’autres moments forts avec de nombreux rebondissements. Comme à notre habitude depuis le début de l’aventure, nous avons dû apprendre et payer pour apprendre, mais avec notre éternel esprit positif devant l’adversité, nous avons réussi notre défi de faire du Dhow un endroit à part, reconnu aujourd’hui pour être unique dans son genre et apprécié des clients.

Le projet a constamment évolué, et nous avec. Nous avons dû nous remettre en question à plusieurs reprises, des gens nous ont rejoint, certains sont partis, et d’autres viendront. Notre récompense personnelle, et ce qui fait notre fierté aujourd’hui, c’est de voir cet endroit vivre comme nous l’avions rêvé, avec les gens qui passent d’un pont à l’autre à toutes heures du jour et de la nuit, et vivent pleinement l’originalité et l’ambiance conviviale de ce lieu qui n’a pas d’égal à Rabat, au Maroc, et même plus loin encore.
Comme disait Philippe « c’est une équipe qui gagne », et peu importe de qui ou d’où vient l’idée, l’important c’est de la réaliser ensemble en réunissant les forces et les compétences de chacun.
Le Dhow ne serait pas ce qu’il est sans notre cher compagnon Philippe, et nous tenons à rendre ici, un hommage tout particulier à notre artiste/décorateur et ami, Monsieur Philippe LUCIANI, qui nous a quitté trop rapidement, emporté par la maladie du moment, un jour sombre de septembre 2021.
Nous n’oublions pas notre chère amie Sabine, architecte décoratrice de talent, partenaire de Philippe à la maison comme sur le chantier, qui savait plus qu’aucune autre personne croquer sur le papier les idées lumineuses et folles sorties du cerveau en ébullition de son extravagant mari.
Philippe a mis au service du projet toute sa créativité et son énergie positive, et grâce à ses talents d’artiste et à son savoir-faire, nous a permis d’aller au bout de l’aventure pour faire du Dhow, aujourd’hui, un des lieux emblématiques de la ville de Rabat.
Merci, Philippe, et merci à tous ceux qui, à un moment donné, ont fait un bout de chemin avec nous, qui ont cru dans notre projet et avec qui nous avons eu la chance de partager cette grande aventure.
Derniers travaux réalisés sur le bateau en 2021










Yves

Gilles

Philippe

